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Peintures de Ludovic de Valon

notes de peinture

 

Aujourd’hui  le 8 septembre 04. 

 

Hier Journée de peinture à l’atelier, 9 papiers dans un cercle, moi au centre du dispositif. La ♪ de  Latchodrom  une sorte de rythme gitan proche des origines.

Je me met à danser au son de ces chants et ces  rythmes  envoûtant, tout en enduisant les papiers de blanc,(une sorte de gesso) traces de mains dansés, frappés, caressés. Tout le corps participe.

Les papiers seront ensuite peint par des projections de gouttes d’aloès induisant parfois un certain rythme(une sorte de badigeon). Séchage. 

Après le déjeuné je reprend les papiers et tente des figures à l‘aloès, corps silhouette flottant dans l’espace. Sans grande conviction, il y a là quelque chose d’un peu forcé.     

Je reprend avec le blanc pour tenter de préciser un peu ces formes. Rien de convaincant. A nouveau avec l’aloès j’emmène ces figures vers un monde plus animale (tête d’oiseau ou corps d’oiseau) ça leur donne tout de suite un coté chamanique. Il y à toujours quelque chose d’un peu bloqué ,de pas excitant, qui vient trop de la tête.(de la représentation et pas de quelque chose d’intérieure)c’est fou comme on peut être prisonnier d’une certaine imagerie, d’une certaine mémoire.

J’ouvre un pot  de rouge, je m’en met plein les mains. Je répand le rouge sur les papiers ,je sens à ma respiration que quelque chose se passe. Le rouge du désir.

Puis avec une patine d’huile doré, il y a là comme l’idée ou le moyen de rendre sacré le désir. La patine  emmène les papiers ailleurs en corps.

 

Le 8 AP midi à l’atelier Je prépares 6 nouveaux papiers je remet la même ♪ et me met à danser presque nu je met de la peinture aussi sur mes pieds, danse blanche je pense toujours beaucoup à l’Inde. + un film dilué d’acrylique pour éviter l’acidité des patines à l’huile sur le papier et puis pour pouvoir les maroufler, je n’aime pas trop ce filme de plastique su r mes papiers gris. J’en laisse un sans acrylique.

Puis je travail sur le tableau des 7 cavaliers Afghans, long travail laborieux, consciencieux de collage, un peu comme si je voulais cacher quelque chose de trop voyant de trop directe…J’arrive à aller jusqu’au bout.

 

Le soir du 8 sept je suis terriblement triste, je ne sais pas trop d’où vient cette tristesse, j’ai l’impression que j’ai tué mon tableau en le marquant du seau d’un désir coupable.

J’erre dans Paris, hagard.

 

Le 9 matinée difficile, attente, maladresse, dispute, les nerfs à vifs. Je pars finalement pour l’atelier l’après midi. Je commence à peindre sur les nouveaux papiers blanchis… rien ne marche ou plutôt cela marche mais pas comme je le voudrais je fonctionne par accidents par pulsions successives je me rapproche de quelque chose je ne sais pas de quoi…Je peins  avec de l’alcool  et de l’aloès, tout me semble tout d’un coup très compliqué, techniquement ça devient complexe, je vais fumer une cigarette au soleil, je ferme les yeux une immense nausée m’envahi. Je me sent à ce moment complètement stupide et surtout incapable de peindre, incapable d‘exprimer quelque chose par la peinture. Ce sentiment est tellement fort qu’il me donne comme un vertige. Je remonte à l’atelier sonner, la tête vide. J’ai envie de rouge, je commence avec une Terre de Véronne  que je mélange à l’acrylique rouge et surtout je met à chauffer de la garance que je mélange à du curcuma je sens alors mon énergie remonter très fort, le rouge ainsi obtenue est unique, il réveil toutes mes énergies vitale. Rouge profond Rouge Vie. Fixé avec du sulfate  d’étain et de l’acrylique rouge.

 .Je retrouve l’énergie  dans le corps qui se met à bouger. 

Et alors je me mets à peindre, sans la tête, il n ‘y à plus vraiment de place pour elle, mouvement du corps, lâché mouvements répétitifs, comme s’il s’agissait d’atteindre quelque chose d’inaccessible, d’inatteignable, mouvement et respiration. C’est à la qualité de la respiration que je vois si je suis impliqué dans la peinture, à quel point…

Je me promène dans l’atelier avec ce pot de terre cuite dans la mains , marche rapide

Rouge au cœur, un à un je pose mes tableaux au sol, et je trace, je marque. Le rouge se répand sur les toiles comme du sang. Pas une seconde je ressent cette image effrayante du sang, cela appartient encore à ces images extérieures, ces représentations.

Je sens la vie à l’intérieur , je sens que ça circule que ça s’ouvre .C’est ça qui me guide, cette espèce d’insolence que de se sentir vivant.

Je sort de l’atelier vider et heureux, tout me parait plus proche, plus intense, plus simple.

 

Le 24 sept. En relisant ce passage sur le rouge, je me rend compte de l’importance et de la peur du regard de l’autre. Surtout dans l’atelier. Le regard qui n’est pas projection… il y a t-il regard sans projection? Pouvons nous voire les choses sans y projeter tout un fatras d’idées, de souvenirs conscient et inconscient, et surtout de référence. Qu’est ce que voire sans connaître tout en connaissant? 

« mon regard erre en lui comme dans les nimbes de l’Être, je vois selon ou avec lui plutôt que je ne le vois .» dit Merleau-Ponty à propos du regard sur un tableau.

Il ne s’agit donc pas de voir quelque chose d’extérieur à nous, qui ne nous appartiendrait pas, qui serait la vision de quelqu’un d’autre. Mais plutôt de voire avec, de reconnaître sa propre intériorité à travers la vision de l’autre. Extraordinaire pouvoir de la peinture qu’est celui de révélé l’intériorité de celui qui la regarde.

Il y a là quelque chose de religieux au sens originel. 

 

Peu à peu couche après couche, les peintures naissent .Dans un coin de ma tête il y a cette expo « procréation, gestation, filiation » en faite tout cela tourne autour de la question du désir et surtout de l’expression du désir.

La question du regard prend ici une importance particulière.

La peau des peinture; le papier huilé, patiné, tanné devient une peau.

Mettre et démettre des voiles, coller et décoller, tel sera tout la suite du travail.

Où l’inconscience s’exprimera volontiers, dans la technique même, j’aime ces moments ou le geste purement technique est porteur de sens.

 

Aujourd’hui le 14 octobre

Grande fatigue, des 9 papiers il en restera 5 ou 6 peut être… 2 sont déjà exposé rue des archives, au SNPpsy…les autres seront accrochés demain à Paul Signac, l’épreuve du regard , les gens parlent de peinture préhistorique… c’est à dire avant l’histoire…

toujours des références des classements des boites…

 

 

 

 

 

Aujourd’hui le 21 oct. Après l’accrochage  de Paul Signac.

Je me rend compte  du caractère religieux de ses peinture, et de l’aspect psychologique,    

religieux dans leur référence aux icônes, Russe ou Grecque. Orthodoxe en tout cas.

 Je repense à ses icônes Russes vue à la galerie de l’académie à Florence, au milieu de tant  de peintures religieuses. La  différence c’est qu’il à quelque chose de diabolique tout autant que d’angélique... L’aspect sombre n’est pas représenter (au quel cas il est vite mis en boite)et donc refouler mais il est inclue dans la technique même.

 

Aujourd'hui le 7 janvier 2005 deux mois on passés.

Entre temps elles ont été exposés à Mac 2000 .

J’ai vendu les cavaliers Afghans.

 

 

 

Toutes les autres peintures n’existes plus sous la forme de leur exposition au salon.

 

le 14 janvier

Le blanc de Meudon et la poudre  de marbre, mélangé à de l'acrylique ont envahies mes peintures. Il n'en reste plus que des fragments, de petites fenêtres circulaires  ouvertes sur le monde , sur une trace du monde...une partie , laissant deviner l'infinie. j'arrive bientôt à la fin de ce travail démarré en septembre dernier, et je sens véritablement ses fruits. L'action de ses couches et ses couche, de ce gesso, définissant des limites, ont une véritable action sur moi même. Comme si l'épaisseur de ses couches de plâtre rentraient en relation avec les couches de mon être. Comme si je ne suis plus tout à fait le même après ce travail.J’ai la sensation de m’être rapprocher de moi Je sens que je re-contact une joie  au quotidien ignoré depuis longtemps. Enfouie sous des couches de tristesse et de culpabilité.(c’est en rajoutant des couches dans la matière que d’autre se sont envoler, ailleurs )

Est ce que les autres vont reconnaître ce travail? je l’ignore. Pamela parle d’une certaine préciosité. Ce sont des objets précieux, des découverte rare. Le blanc est un écrin.

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